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Novembre 2020 - le portrait de Sébastien Gertgen : un patron bien dans ses espadrilles.


Dans le paysage des entreprises françaises implantées au Cambodge, Amboh a la réputation de bien marcher.


Sébastien Gertgen a fondée cette marque d’espadrilles en Septembre 2015. Elles sont entièrement fabriquées mains dans son atelier-boutique au cœur de Phnom Penh. Amboh signifie «Fil de coton » en cambodgien.

Nous avons demandé à Sébastien de partager avec nos lectrices et lecteurs son expérience d’entrepreneur en cette période de pandémie Covid-19.

Un parcours atypique de l’EDHEC à Amboh Espadrilles

Ce Lillois n’était pas programmé pour être chausseur au Cambodge. Il est diplômé de l’Edhec de Lille, la prestigieuse école de commerce international avec un master en gestion d'entreprise.

Quelle est la raison de ton installation au Cambodge ?

J’ai débuté ma carrière dans le marketing pour un groupe publicitaire. Puis j’ai ressenti un fort désir d'expatriation. Le Cambodge était attractif pour moi car j'avais déjà un réseau d'amis sur place. J’ai fait le grand saut à la fin de 2013. J’ai d’abord accepté un travail alimentaire au sein de la société Leboost, spécialisée dans le secteur publicitaire auprès des bars et restaurant.

Comment devient-on fabricant d’espadrille ?

J’ai saisi l’opportunité d’exploiter une niche commerciale qui n’existait pas à Phnom Penh. Le Cambodge est une destination de vacances et la météo est favorable au port de ce type de chaussures. C’est plus élégant que les tongs et le style peut se multiplier à l’ infini.

Les débuts ont été laborieux pour ce chausseur néophyte car la fabrication de l’espadrille demande une grande maitrise technique particulière. Avec une première couturière il a démonté des modèles rapportés de France. Pas à pas, il a élaboré plusieurs prototypes. Après cinq mois de pratique, de détermination et d’amélioration, il a eu la satisfaction de vendre la première paire.

Depuis, la chaussure en toile légère originaire du Pays Basque a fait son chemin au Cambodge en s’adaptant aux tissus traditionnels tels que le Krama. Désormais, chez Amboh il y a le choix dans de larges collections classique et fantaisie.


Peux-tu définir l’éthique de ta marque ?

Le coté éthique de la marque est basé sur le fait que je prends soin de mes salariés. Ils ont des avantages très appréciés par tous : - salaires supérieurs à la moyenne du secteur Textile au Cambodge ; - 5 jours de travail hebdomadaire ; - apprentissage et formation continue sur le développement personnel ; - possibilité d'amener les enfants au travail s’ils ne sont pas en âge d'être scolarisés.

Avant la pandémie de Covid-19, l’entreprise comptait 9 employés mais 6 actuellement.

Quelle est la provenance des matériaux ?

Tous les tissus sont achetés localement. La plupart sont fabriqués au Cambodge et d’autres importés par nos fournisseurs. Chez Amboh, nous avons le souci de sourcer tout ce que l'on peut au plus proche. Notre but est d’assurer des revenus à des artisans locaux ainsi que de valoriser leur savoir-faire. Malheureusement, jusqu’à présent, il n'y a pas de producteurs de jute dans le royaume. Nous sommes donc obligés d’importer les semelles.

Quelle est la stratégie commerciale de ta société ?

L’ambition de Amboh est d'être une marque Cambodgienne pour le Cambodge. L'export n’est pas un objectif, nous préférons une marque au couleur du Cambodge qui cible son marché domestique.

Les chiffres de l’étude de la clientèle sont évocateurs : 50% de cambodgiens, 50% expatriés ou touristes.

Des enseignes hôtelières ont adopté les espadrilles Amboh pour leur personnel. Citons La Plantation à Phnom Penh et Treeline à SiemReap.

La vente en ligne est-elle un succès ?

Non, et la raison est à imputer au coût de transport trop élevés.

Par contre, notre visibilité sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram nous apporte de nombreuses commandes, notamment pour des modèles personnalisés. La livraison est assurée sous quelques jours.

Sur ces réseaux sociaux, nous ciblons principalement notre communication vers les cambodgiens en khmer avec des séries de vidéos «Khmer lifestyle ».

Depuis le mois de mars 2020, l’impact du virus Covid-19 atteint très durement l’économie du Cambodge. Les restrictions d’entrée sur le territoire paralysent l’activité touristique avec des conséquences économiques dramatiques notamment dans les provinces de Siem Reap, sur la côte et dans les îles.

Quel est l’impact de la crise du Covid-19 pour ta société ?

La pandémie est une épreuve difficile et elle a forcément un impact sur la diminution des ventes. Avant la crise sanitaire, notre marque était distribuée par huit distributeurs. Désormais nous nous concentrons sur la vente directe.

Cependant, je reste positif car mon concept se contente du marché local. La société continue de produire et de vendre, c’est l’essentiel.


Des aides de l’état français (via les associations représentatives) sont désormais disponibles pour les entrepreneurs français à l’étranger, vas-tu y faire appel ?

Je ne fais pas appel aux différentes aides possibles. J’ai le privilège de vivre de mon activité. Je préfère laisser ces aides à ceux qui en ont le plus besoin.


Sur quels marchés de fin d'année Amboh sera présent en décembre ? Nous serons sur le marché organisé par Samai le weekend prochain et nous organiserons un mini marché au shop courant décembre.

Propos recueillis par Francoise Gouézou pour le collectif Français au Cambodge - Plus Forts Ensemble

Visiter Amboh : Atelier/boutique: 45 street 21, quartier Aeon 1 - Phnom Penh

Tel/WhatsApp:+855 (0)70 572 094 amboh.cambodia@gmail.com

facebook.com/amboh.cambodia


(crédits photos : Amboh)


 

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